« Il y a deux loups : un blanc et un noir, qui se battent en permanence. »
L’Experte de 16h44
Marie Lobito est une jeune manager, coach et entrepreneure, à l’énergie particulièrement positive. Vice-présidente de la branche Nord du « Project Management Institute », qui comprend 250 experts de la gestion de projet, elle a également créé à Lille, le laboratoire d’inspiration qui réunit déjà 300 personnes (http://meetu.ps/c/3qk8N/zd26h/d). Elle s’inscrit pleinement dans les nouvelles tendances managériales, et vous invite aujourd’hui à cultiver votre loup blanc. Vous la retrouverez sur son site http://www.cultivetonloupblanc.fr ou via ses conférences.
Marie, tu incites les managers que tu côtoies à cultiver « leur loup blanc ». Qu’est-ce que ça signifie exactement ?
Commençons par une courte histoire, parce que le cerveau adore les histoires…
Un homme demande à un sage : « Qui y a-t-il dans votre tête ? »
Le sage lui répond : « Il y a deux loups : un blanc et un noir, qui se battent en permanence. »
L’homme : « Et lequel gagne ? »
Le sage : « Celui que je nourris le plus. »
Le loup noir représente l’égo, alors que le loup blanc, c’est l’essence. Cultiver son loup blanc, c’est lui donner la place dont il a besoin pour s’exprimer, sans nier l’existence du loup noir. Autrement dit, c’est être capable d’identifier et de faire tomber ses propres barrières pour libérer son potentiel. En laissant chaque loup s’exprimer de façon opportune, je suis plus fort parce que mieux équilibré, moins tourné sur moi-même et plus ouvert aux autres.
Pourquoi continuer à nourrir le loup noir ?
Parce qu’il est très utile. Le loup noir représente la partie animale instinctive, protectrice. Il est celui qui va flairer une situation dangereuse, par exemple. Il ressent les bonnes ou mauvaises ondes et peut mettre en garde, si on l’écoute, contre des énergies néfastes. Il est impulsif et spontané, c’est lui qui donne le sens de la répartie.
Il est indispensable pour exprimer la colère, la peur, la tristesse ou la culpabilité, qui sont des émotions qui nécessitent d’être accueillies pour être vécues. Si elles sont refoulées, ces émotions fortes finissent par exploser, sortir par crises ou se transformer en maladie. Alors il est important d’être à l’écoute de son loup noir pour, précisément, entendre et digérer ces émotions.
Par ailleurs, il va aider à défendre son territoire au lieu de se laisser dévorer par à un autre loup noir qui montre ses dents. C’est parfois une réaction utile pour pouvoir, dans un second temps, montrer son magnifique pelage de loup blanc.
Comment pouvons-nous savoir, lorsqu’il se manifeste, si notre loup noir le fait à raison et de manière appropriée ?
Parfois le loup noir intervient alors que ce n’est pas utile. Concrètement, j’observe parfois des managers qui, lors d’un désaccord avec un collaborateur, perçoivent ce désaccord comme une agression. Le loup noir active alors ses réflexes de défense : je suis l’expert, c’est donc moi qui ait raison et qui sait ce qui est bon ou non. Le manager se réfugie derrière son autorité.
Le loup blanc, en revanche, qui pratique la méditation et sait respirer, va permettre d’entendre au-delà du désaccord et d’accéder vraiment au message de l’interlocuteur. Qui sait ? Il s’agit peut-être d’une proposition intéressante, d’une amélioration. Le loup blanc nous fera progresser tout en améliorant la qualité de nos relations.
Pour autant, le loup blanc n’est pas celui du sacrifice. Il sait aussi dire non quand il le faut, mais il est capable de recadrer les choses pour les voir de façon originale et positive. En nous faisant prendre du recul, il permet de comprendre avec bienveillance une situation complexe, tendue, et ainsi de ne pas réagir à chaud.
Enfin, puisqu’il est mon moteur, mon loup blanc m’informe également sur mon état. C’est lui qui m’indique parfois que je ne suis pas à mon meilleur niveau , l’écouter permet de prendre des décisions plus éclairées.
Finalement, pour savoir si mon loup noir intervient raisonnablement, il faut laisser de la place au loup blanc. Si les deux cohabitent de manière équilibrée, je mobiliserai inconsciemment celui qui convient à la situation.
Comment cultiver mon loup blanc pour développer cette sagesse ?
La première piste, c’est de me demander comment plutôt que pourquoi. Le loup blanc est le champion de cet exercice : il accepte sa part de responsabilité dans tout ce qui arrive (conflits, joies, bonnes ou mauvaises surprises…). De façon inconsciente, les sensations influent beaucoup plus qu’on ne l’imagine sur les comportements.
Une autre piste est de prendre conscience que l’on ne peut pas changer l’autre. On ne peut que se changer soi-même. Si vous espériez changer votre collaborateur ou votre manager, c’est raté ! Mais c’est en fait une excellente nouvelle car en agissant sur votre système de croyances et de perceptions, vous prenez en main votre réalité.
Votre loup blanc a la faculté de sortir de votre carte personnelle pour se connecter à celle de l’autre, à comprendre sa lecture du monde, notamment car il est en mesure de comprendre à la fois le verbal, le non-verbal et le paraverbal. Cette compréhension peut modifier vos réactions afin de mieux les adapter à votre interlocuteur. Cela ouvre votre management à de nouvelles possibilités.
As-tu un exemple de l’impact du loup blanc dans ton management, au quotidien ?
J’arrive le matin, ma to-do list déborde, j’ai dix dossiers à traiter en urgence… Je me dis que je vais passer une mauvaise journée. Et la prophétie va se réaliser, sauf si mon loup blanc me parle. «Calme toi, tu t’en sors toujours. Au lieu d’être tétanisée, prends connaissance de la situation. Tout est question d’organisation, tu vas y arriver. Pose-toi, prends une chose après l’autre puis commence. Respire. »
Alors, calmée, plus sereine, de nouvelles voies s’ouvrent. Finalement, voilà trois dossiers que je reporte à plus tard, deux que je délègue. Je me concentre sur une liste de tâches plus restreinte et réaliste. Je peux réorganiser mon travail, une liste pour l’heure à venir, une autre pour la journée.
16h44 L’Application
Cette semaine :
- Face à un collaborateur, j’écoute et je reçois ce que l’autre dit avant de réagir.
- Je ne fais intervenir mon loup blanc ou mon loup noir qu’après observation d’une situation.
- Je teste d’autres types de questions. Par exemple, je remplace « pourquoi ? » par «qu’est-ce qui m’amène à faire cela/penser cela/croire ceci ?». Je me demande comment, plutôt que pourquoi.
Les mois à venir :
J’accueille toutes mes émotions.
- J’accueille et accepte toutes mes émotions. Si j’ai tendance à être positif, j’écoute mes émotions négatives. Si j’ai tendance à être négatif, j’exprime mes émotions positives.
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Concept intéressant, ni noir ni blanc, mais toujours entre les deux. Tout comme la marche, le management est un état d’équilibre instable où il faut parfois se laisser aller pour avancer. Mais cela implique que le manager soit dans de bonnes conditions (santé, confiance, sens, sécurité) s’il veut parfaitement conscientiser son loup blanc.
J’ai croisé des éducateurs qui utilisent la même parabole avec des jeunes en difficultés : nourrir son Loup Blanc, c’est retrouver confiance en soi, développer l’estime de soi, comprendre ses leviers de motivation, renforcer sa concentration, devenir responsable de ses choix et atteindre ses objectifs.