L’Experte 16H44
Qui est vraiment Rim Ridane ?
Si elle est souvent connue comme conférencière, Rim Ridane est aussi professeure d’éducation physique et sportive, hypnothérapeute et préparatrice mentale au SCO Angers. Et si vous lisez l’Équipe ou écoutez la télévision, vous savez qu’elle est également double championne du monde de boxe. Mais savoir qui l’on est vraiment est souvent plus complexe qu’il n’y paraît et ne se résume pas à un CV. Après un long chemin parcouru, Rim, elle, sait qui elle est : quelqu’un qui transmet, qui aime ça et le fait bien. Et comme elle vise juste, elle touche au coeur son interlocuteur.
Rim, dis-moi, que transmets-tu autour de toi ?
Sans hésiter, l’idée que je veux transmettre, c’est que “si tu peux le rêver, tu peux le faire”. Cette phrase est sortie un jour de ma tête sans savoir qu’elle provenait de Disney. Elle avait dû s’ancrer dans mon cerveau au cours de ma jeunesse.
En fait elle est inspirée de ma vie et des multiples obstacles que j’ai rencontrés. Jeune, j’étais surtout malheureuse de ne pas avoir de père, et cela m’a conduit à essayer d’être heureuse au travers des autres. Erreur cruciale, même si pour rien au monde je ne changerais ma vie et les galères que j’ai vécues.
Pourquoi ?
Parce que je suis convaincue que rien n’arrive par hasard. Ce que l’on vit, même lorsque l’on a l’impression de le subir, est la conséquence de nos pensées, de nos attitudes, de nos envies, de nos croyances, de nos barrières.
Cela affecte autant ce que nous construisons, offensivement et positivement, que ce que nous subissons, négativement et passivement. Quand tu imagines ou quand tu rêves quelque chose, tu mets en oeuvre un processus qui va permettre leur réalisation.
Ensuite, il reste à se mettre en action. Et si ça ne se fait pas, c’est peut-être que ce n’est pas le bon moment. Mais tout ce qui t’arrive a un sens et un rôle à jouer au sein du processus qui se poursuit. Cela veut aussi dire que tu choisis tes mots, tes actes, tes rencontres, et peu à peu tu choisis ainsi ta vie.
Quand on prend le temps de faire une rétrospective de sa vie sans mauvaise foi et que l’on passe en revue tous les épisodes de notre trajectoire, on comprend souvent ce qui nous a amené là où on est.
C’est très enthousiasmant d’imaginer pouvoir se fixer un objectif aussi ambitieux que les tiens, et de les atteindre. Mais cette approche peut s’avérer particulièrement difficile si l’on échoue, non ?
Oui, c’est parfois dur, pour mes clients par exemple, d’admettre cela. L’un de mes patients triathlète de haut niveau, que j’apprécie particulièrement, a été victime d’un AVC qui a remis en cause sa vie. Au début, lors de séances d’hypnose, c’était dur pour lui de penser comme çà. Et finalement, avec du recul et beaucoup de courage, il s’est rendu compte qu’il avait exigé tellement de son corps, sans jamais trop l’écouter, que cet accident n’était pas que le fruit du hasard. Il m’a dit un jour : “oui je l’ai choisi, je suis allé tellement loin”. Cette prise de conscience lui a permis de démarrer un nouveau processus, qui le conduit aujourd’hui à de nouveaux succès, plus respectueux de lui-même.
Plus généralement, on choisit avec qui on travaille, ce que l’on décide de faire ou d’accepter, ce que l’on décide de ne pas abandonner, etc. Dans une certaine mesure, on choisit aussi ses blessures, son experience. J’entends parfois : “oui mais pour moi, c’est pas facile de changer, j’ai des enfants, des contraintes…”.
Bien sûr, je comprends cela et ne dis pas que c’est simple. Il n’y aurait pas besoin de le choisir si cela était simple et évident. Ce n’est pas facile, mais c’est vital.
Comment le manager peut-il s’inspirer de cette attitude, pour lui et pour son équipe ?
Pour lui, le travail essentiel selon moi est de se connaître et de savoir qui il est. Quelles sont ses valeurs ? Qui veut-il devenir ? Qu’est-ce qui le fait vibrer ? Découvrir et sublimer qui il est vraiment. On ne sait pas toujours réellement qui l’on est, et on y perd beaucoup. Avoir conscience d’où on est parti, de ce qui nous fait plaisir, ce qui me permet de réussir sans souffrance… Ce sont des pistes précieuses, car on ne fait bien que ce qu’on aime faire, et on ne fait bien que ce pour quoi on est fait.
Avec son équipe, la clé, c‘est de communiquer individuellement avec ses collaborateurs, d’être en interaction permanente avec chacun d’eux, ce qui ne se fait pas si souvent. Il y a de nombreuses opportunités pour celui qui fait du cas par cas, en s’adaptant au contexte.
Le management basé sur l’envie et sur la transmission des compétences fait des merveilles.
Prendre le temps de discuter, d’échanger, bannir le management par la peur qui ne fonctionne pas. Je le constate si souvent !
En fait, arrêter d’être bêtement directif : “fais ça, ne fais pas ça”.
Je lui conseillerais aussi de faire intervenir des personnes inspirantes. Mettre son équipe au contact de personnes qui réussissent génère des échanges d’expériences, fait naître des envies. Il s’agit d’un mode de transmission différent, qui facilite les remises en cause, l’apparition de nouvelles approches. Même si les gens ne le disent pas, une petite graine est plantée et les effets apparaissent de multiples façons. C’est sans doute pour cela qu’on me sollicite de plus en plus souvent .
Même si l’on est l’artisan de ses propres objectifs, le soutien de gens bienveillants est essentiel pour réaliser de grandes performances. Chacun avance seul mais à côté des autres. En tant que manager, jouez ce rôle d’entourage bienveillant.
Un manager n’est rien sans un collaborateur alors que l’inverse n’est pas aussi vrai. Alors jouez à plein votre rôle et faites évoluer l’équipe.
Une dernière question concernant tes seconds championnats du monde. Tu y étais très attendue, les feux des projecteurs étaient dirigés sur toi, et tu affirmes haut et fort que si on peut le rêver, on peut le faire. C’est une pression supplémentaire dès les premiers combats, non ?
Mon premier championnat du monde, je l’ai fait pour me prouver que j’avais le niveau et pour faire le plein de confiance. Le second, c’était pour me confirmer que le premier n’était pas une erreur ! Mais non, je n’avais pas cette pression.
Depuis que j’ai décidé d’être moi-même, je ne fais pas attention à ce qui se passe autour de moi. Je suis pleine de gratitude, et je me nourris des feedbacks… mais je suis juste la petite Rim qui fait son petit bout de chemin. La pression ne me parasite pas car la seule personne qui puisse vraiment me juger, c’est moi. D’ailleurs, si je perds un combat, cela ne m’empêche pas d’avoir progressé.
Puisque c’est avec soi que l’on passe le plus de temps, et puisque c‘est avec soi que l’on mourra, il n’y a pas à subir le regard des autres. Le regard des autres peut me faire du bien mais il n’a pas le pouvoir de me paralyser.
L’Application 16h44
Lors des deux prochaines semaines :
- Pensez à votre parcours,à ses principales étapes, et définissez comment vous voulez le poursuivre.
- Passez du temps individuellement avec vos collègues et comprenez ce qui les anime.
- Faites intervenir Rim dans votre entreprise
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Beau témoignage Rim. Quelle belle présence aussi !
Bon courage pour la suite
Un discours passionnant et stimulant . Un bel exemple de réussite .