« Il faut prendre du temps pour ne pas voir les choses en surface. La qualité d’une relation se construit lorsque l’on dépasse les apparences, et que l’on va chercher le sens. »
L’Expert de 16h44
Marathonien, musicien hors pair, René peut vous faire découvrir avec autant de pédagogie que de passion la nouvelle norme ISO, les dernières méthodes organisationnelles, ou de nouvelles pratiques managériales. Il se nourrit pour cela de son expérience d’entrepreneur et de l’immersion approfondie au sein de structures tant publiques que privées. Il nous invite aujourd’hui à prendre le temps de comprendre mieux et plus complètement les situations que nous vivons, souvent trop vite, et dans l’urgence. Un beau défi aux managers que nous sommes.
1 – René , vous trouvez que nous ne faisons pas suffisamment d’efforts de compréhension. Pourquoi ?
L’urgence dont nous sommes le plus souvent victimes nous amène à réfléchir, décider dans l’urgence, avec des préjugés ou des raccourcis.
Quand on juge quelqu’un dans l’ organisation sur ce qu’il sait, on a tendance à prendre des raccourcis, sans essayer de comprendre ce qui se joue en arrière- plan, le contexte, les frustrations. On juge plus qu’on analyse.
En prenant un peu de temps, il est pourtant possible d’interagir avec l’autre dans le cadre d’un véritable échange où chacun exprime sa gêne, où l’on va peu à peu, mettre à jour là où ça bloque vraiment. Détecter les blocages au sein d’un raisonnement permet de lever des obstacles et de créer de la performance.
Il faut prendre du temps pour ne pas voir les choses en surface. La qualité d’une relation se construit lorsque l’on dépasse les apparences, et que l’on va chercher le sens.
Généralement, l’entreprise donne la priorité aux outils rationnels, à la priorisation, à la mise en place de critères. Tous ces outils nous éloignent du cœur, des sentiments, des émotions. Or c’est, au-delà des faits, dans cet univers de nuances que se cache la réalité. C’est là aussi que l’on trouve la source du plaisir et donc de l’efficacité.
On cohabite souvent à côté de gens que l’on ne comprendra jamais, même si l’on partage des apparences, en raison d’un manque d’authenticité.
Lorsqu’une entreprise favorise l’émergence de cette authenticité, que l’on se ment moins à soi-même et aux autres, on s’engage sur le plaisir de partager vraiment des choses ensemble et la performance à moyen terme est toujours au rendez-vous.
Cela peut prendre la forme d’une réunion de partage autour d’une problématique traitée avec patience, en mini groupe, de 2 à 5 personnes. Peu à peu une certaine intimité se crée, puis la confiance se construit et les solutions durables apparaissent.
Cela est vrai lorsque l’on traite un conflit entre salariés, lorsque l’on conçoit un nouveau produit, ou lorsque l’on améliore un processus.
Une autre faiblesse de nos raisonnements, sous la pression du court terme et de l’urgence, est le choix de la première solution proposée. Alors que la richesse du présent est fonction du nombre de possibles. Si vous n’en voyez qu’une, vous allez plus vite mais moins loin.
Pourquoi alors que cette approche est très puissante (chacun le constate dès qu’il l’expérimente ), privilégie-t-on le « rapide » et le « jugement » plutôt que l’écoute et la patience?
Il y a une addiction à l’activisme. On se sent forts lorsque l’on éteint des incendies. Incendies que l’on a parfois soi-même allumés. L’activisme évite aussi de penser en switchant sur une attitude réactive. Cette attitude inhibe les qualités de créativité, d’imagination.
D’autre part, la position de « héros / sauveur » est bien plus exaltante que l’analyse ou la prévention de problèmes. Celui qui empêche que des problèmes surgisse n’existe pas. « On n’entend pas la forêt pousser ».
Une autre raison tient au fait d’assimiler recherche de causes et recherche de coupables. D’où une peur de règlements de compte, des suspicions de délation. Et le choix instinctif de la fuite en avant.
Par contre, l’adoption lente et progressive d’une attitude d ‘amélioration perpétuelle se transforme en raison d’être et génère une organisation performante. Ce qui peut s ‘accomplir au niveau individuel peut aussi se réaliser au niveau de votre organisation.
2 – Comment changer d’attitude au sein de nos entreprises?
Pour commencer, je vous invite à comprendre au lieu d’agir et à inviter votre équipe dans cette voie.
Comprendre au niveau scientifique mais aussi au niveau du sens, de l’humain avec de l’empathie.
Comprendre les causes mais aussi comprendre les motivations .
Comprendre en analysant le « Pourquoi » (passé) et le « Pour quoi » (avenir). Aristote parlait des causes du passé et des causes du futur .
Comprendre en s’élevant pour mieux voir, et regarder ce qui se joue en dessus, au dessous, à côté. Comprendre les jeux qui se jouent entre les grands acteurs. Pour comprendre l’ensemble il faut comprendre les éléments, mais pour comprendre les éléments il faut comprendre l’ensemble.
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Pour tout problème urgent, durant une semaine, acceptez de suspendre votre jugement , et résistez à l’appel de l’urgence.
En cas d’impossibilité, programmez un moment pour réexaminer votre solution avec du recul.
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Excellent !
Merci René pour ce rappel, simple, basique et efficace.
… il est urgent d’aller lentement…
Rappel essentiel dans le quotidien d’une entreprise et dans la résolution de problème.Pas assez de brainstorming et d’échange entre les salariés
Tellement vrai !
Cela me rappelle un livre « éloge de lenteur » de Carl Honoré…
A défaut de reporter toute décision, il faut faire la différence entre l’urgent et l’important.
Comme pour un expert précédent, pourquoi ne pas faire appel à un avis extérieur.