Timothée et Laurentin Dathis : L’entrepreneuriat joyeux

 

“Staff first  : Le premier client, c‘est ton équipe. ”

 

Les Experts 16H44

 

16h44 a rencontré Timothée et Laurentin, les fondateurs de La Luck, un dimanche comme les autres : le bar à jeux affiche complet après avoir refusé des réservations. A partir de midi, les clients afflueront : au rez-de-chaussée pour bruncher, à l’étage pour tester l’un des centaines de jeux disponibles. L’ambiance sera joyeuse et bon enfant et les smartphones presque oubliés. La journée s’annonce longue pour l’équipe puisque ce soir, le lieu accueillera les supporters d’une équipe de foot australienne.

 

Quelques années plus tôt, c’est dans un bar à jeux de Montréal que les deux frères décident d’importer le concept en France. A l’époque, Laurentin a derrière lui une école d’ingénieur et une carrière de basketteur. Malgré un job confortable au Canada, il rêve d’entreprendre ses propres projets. Timothée quant à lui, a de l’énergie à revendre. Il sait depuis son sport-études en basket qu’il a envie d’action. Après une belle expérience dans la vente, il passe une année riche en découvertes en Australie.  

 

C’est donc assez naturellement qu’en 2015, alors qu’ils s’interrogent sur leur avenir, ils décident ensemble d’ouvrir leur propre bar à jeux. Timothée rentre à Lille à la recherche du lieu idéal. L’aventure démarre. En novembre 2016, La Luck ouvre à Lille, puis à Bruxelles cet été 2019…

 

Pourquoi parlez-vous d’entrepreneuriat joyeux ?

 

Quand j’ai commencé à jouer sérieusement au basket, tout était fluide pour moi. Même si le sport de haut niveau induit de fortes exigences, la passion rend les efforts plus aisés, on ne se pose pas de question. Le projet de La Luck s’inscrit dans le même esprit. Si on ne prend pas plaisir à faire ce que l’on fait, où est l’intérêt ? Dans 50 ans, on sera tous morts, c’est maintenant que ça se joue. C’est cette énergie que nous tentons d’insuffler chaque jour, pour nous et pour les clients, d’autant plus que nous vendons du fun et du divertissement.

 

Est-ce si facile ?

 

C’est vital, pas facile. Il n’y a pas de métier facile et la restauration est particulièrement exigeante. Quand tu es serveur, tu as des contraintes horaires, une vie quotidienne à gérer et ton job est de donner de l’énergie et du plaisir, de faire vivre une super expérience aux clients tous les soirs. Il faut trouver l’équilibre entre plaisir et exigence, sinon c’est très difficile. Pour un entrepreneur qui doit impulser une croissance, ce n’est pas facile non plus. Sans le  bon équilibre (perso, pro, physique…) tu n’as pas l’énergie nécessaire au développement de tes projets.

 

Qu’est-ce qui peut selon vous alimenter ou freiner “l’entrepreneuriat joyeux” ?

 

Les croyances et la façon dont tu les gères sont essentielles. On nous a souvent mis en garde contre le vol, conseillé de surveiller la caisse, etc. Nombre de restaurateurs sont suspicieux, vérifient tout et deviennent esclaves de leur entreprise, parce que tu peux toujours vérifier que les mille détails qui te semblent indispensables à une bonne expérience du client sont respectés à la lettre. Tu peux te positionner comme le chef qui explique à tout le monde quelle est la meilleure façon de faire, la meilleure option, qui considère que ses idées sont forcément les plus pertinentes parce qu’elles sont les siennes, ou alors, et c’est ce qu’on s’attache à faire à La Luck, tu peux considérer l’autre comme quelqu’un d’intelligent et lui faire confiance. La bienveillance entraîne la bienveillance. 

 

Laisser notre équipe de pros inventer, imaginer, improviser et trouver la bonne attitude, ça nous paraît être la seule chose possible. On ne peut pas précisément expliquer l’alchimie qui se compose de milliers de détails et qui fait l’ambiance particulière du lieu. En essayant de rationaliser, de trop figer les règles, on rendrait les membres de l’équipe idiots et on inhiberait leur autonomie et leur potentiel. 

 

Là où notre entreprise a le plus progressé, au début, c‘est quand on s’absentait. On revient de vacances reposés, ressourcés, et on se rend compte que les choses ont roulé, que certains processus ont été un peu modifiés et que finalement ça marche tout aussi bien, voire parfois mieux que ce qui avait été pensé initialement. Ca force l’humilité et la confiance envers l’équipe.

 

Quels conseils pourriez-vous donner à un jeune entrepreneur ?

 

Ce n’est pas très original mais c’est vrai : il faut commencer par être à l’aise et aimer ce qu’on fait. C’est la seule manière de bien démarrer. Plutôt que de débuter avec un objectif de chiffre d’affaires, il faut commencer par passion et alors ça fonctionnera. Jamais nous n’avions imaginé que ce projet créerait autant d’emplois et que l’ouverture dans une autre ville serait aussi rapide, que certains équipiers pourraient évoluer comme cela se produit. Ça nous stimule et nous passionne toujours autant, on sait que l’aventure nous réserve encore plein de surprises. 

 

Qu’avez-vous vécu/ appris depuis les débuts du projet ? 

Timothée : 

– J’ai vraiment mesuré l’importance du lien social et des rencontres dans l’expérience de l’entrepreneuriat.

– J’ai appris la remise en question et développé ma capacité à travailler en groupe.

– Je vis tous les jours le fun de voir des gens se rencontrer, vivre des expériences, s’attacher au lieu et revenir.

– J’ai vu comment une idée pouvait prendre vie et se concrétiser à force de travail et de motivation.

 

Laurentin : 

– J’ai appris à déléguer, à faire confiance et à me ranger aux idées des autres quand de toute évidence ils savaient mieux que moi.

– Je me suis rendu compte que c’était possible, puisqu’on l’a fait, et que même dans un métier aussi ancien que la restauration il y avait encore de la place pour innover.

– Qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on dit, et notamment les mises en garde sur le fait de travailler en famille. Quand tu réussis avec des gens que tu aimes c’est encore plus fort. 

– La confiance engendre la confiance : j’ai de l’énergie pour plein d’autres projets.

 

 

16 H 44   L’application

 

  • Identifiez vos croyances et mettez-les en questions
  • Tentez de déléguer dans un domaine que vous vous réservez habituellement
  • Collectez les idées de votre équipe, laissez le groupe prendre une décision
  • Le client est roi ? Staff first  : le premier client c‘est votre équipe !

 

 

1 commentaire sur “Timothée et Laurentin Dathis : L’entrepreneuriat joyeux”

  1. Je confirme l’intérêt de laisser s’exprimer la créativité dans son équipe, d’autant plus dans un domaine tel que celui-ci.
    Il y a toujours besoin d’un cadre minimum. Il suffit de bien expliquer la culture de notre entreprise, la vision globale et l’objectif. Pas besoin de plus.
    Laisser à notre équipe le soin d’innover, être suffisamment ouvert pour retenir des idées qui ne sont pas nôtres et suffisamment courageux et honnête pour expliquer pourquoi une idée ne sera pas retenue à l’instant ou plus tard…
    Une telle équipe aura envie de partiper et sera le meilleur ambassadeur qui soit auprès des clients.

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